LES CHOSES, une histoire de la nature morte

Au musée du Louvre

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La nature morte retrouve enfin les honneurs d’une grande exposition parisienne, soixante-dix ans après la dernière rétrospective au musée de l’Orangerie en 1952. Conçue par Laurence Bertrand Dorléac, cette exposition d’auteure propose une vision nouvelle de ce genre longtemps considéré comme mineur et dont l’intitulé français, né tardivement au XVIIe siècle, n’a jamais satisfait personne. L’expression « nature morte » rend mal compte d’un genre très vivant, qui est, au fond, un agencement de choses en un certain ordre assemblées par l’artiste.

« Car les choses et l’être ont un grand dialogue. » Victor Hugo

Cette carte blanche réunit près de 170 œuvres, prêtées par plus de soixante-dix institutions et collections privées parmi les plus prestigieuses. Dans une promenade en quinze séquences chronologiques et thématiques, les œuvres, représentant tous les médias (de la peinture à la vidéo, en passant par la sculpture, la photographie et le cinéma), dialoguent entre elles, au-delà du temps et de la géographie, jusqu’à l’époque contemporaine. Comme un prélude à l’exposition, l’œuvre monumentale de l’artiste camerounais Barthélémy Toguo, Le Pilier des migrants disparus, se déploie sous la Pyramide. Elle nous invite à réfléchir à l’exil, à toutes les trajectoires périlleuses d’enfants, de femmes et d’hommes qui fuient les guerres, la famine, la misère et les catastrophes écologiques.

« Dans notre monde bavard, les artistes nous invitent à prêter attention à tout ce qui est silencieux et minuscule. En donnant une forme aux choses de la vie et de la mort, ils parlent de nous, de notre histoire depuis toujours : de nos attachements, de nos peurs, de nos espoirs, de nos caprices, de nos folies. Cette exposition est dédiée à leurs représentations. Elle ouvre sur le dialogue entre les œuvres du présent et celles du passé, entre nos mentalités d’aujourd’hui et celles de nos ancêtres. » Laurence Bertrand Dorléac

La représentation des choses, dont on retrouve des témoignages dès la Préhistoire, offre une formidable plongée dans l’histoire. Les artistes ont, en effet, été les premiers à prendre les choses au sérieux. Ils ont reconnu leur présence, les ont rendues vivantes et intéressantes en exaltant leur forme, leur signification, leur pouvoir, leur charme, ont saisi leur faculté à donner forme à nos peurs, à nos croyances, à nos doutes, à nos rêves, à nos désirs, à nos folies.

Une nature morte tellement vivante

L’exposition établit un dialogue entre ce genre perçu comme suranné et le public : la nature morte est l’une des évocations artistiques puissantes de la vie sensible. Parce que les êtres humains vivent avec les choses et y sont attachés, parce que les choses occupent une place déterminante dans les vies et les imaginaires, la nature morte dit beaucoup de nous et a beaucoup à nous dire. Elle raconte notre relation avec les biens matériels, qui ne sont pas réductibles à leur matérialité mais qui sont chargés de signification.

La dernière grande manifestation autour de la nature morte, La nature morte de l’Antiquité au XXe siècle, fut organisée en 1952 à Paris par Charles Sterling, conservateur au Louvre. La présente exposition rend hommage à ce grand historien de l’art ; il ne s’agit pourtant pas d’un remake, mais de repartir de nos savoirs et de notre mentalité contemporaine. Le point de vue intègre tout ce qui a renouvelé les techniques de représentation et les perspectives, tant en histoire de l’art ancien et contemporain, qu’en littérature, poésie, philosophie, archéologie, anthropologie, science ou écologie.

Élargissant les frontières chronologiques et géographiques, l’exposition ouvre des fenêtres sur d’autres cultures qui ont représenté les choses en majesté, y compris quand elles n’étaient plus montrées pour elles-mêmes dans l’Occident chrétien – du VIe au XVIe siècle. Elle revisite le genre de la nature morte, dans la perspective de l’éternel dialogue entre les artistes du présent et ceux du passé, dans un renouvellement permanent du regard : des haches préhistoriques au readymade de Duchamp, en passant par les agencements étonnants d’Arcimboldo, de Clara Peeters, Louise Moillon, Zurbarán, Chardin, Anne Vallayer-Coster, Manet, De Chirico, Miró, Nan Goldin, Ron Mueck et bien d’autres.

La représentation des choses par les artistes s’imprègne d’une grande variété de pratiques et d’idées, de croyances et de sentiments, d’émotions, qui inspirent les mouvements de la société autant qu’elles ne s’en font l’écho. À l’intérieur d’un code reconnu voire rebattu, la simplicité des choses invite les artistes à des libertés formelles inouïes. Le genre de la nature morte doit également être reconsidéré à la faveur de l’attachement contemporain aux choses ainsi qu’aux relations nouvelles qui s’établissent entre le vivant et le non-vivant. Cette exposition contient les préoccupations d’aujourd’hui : les défis écologiques, les nouveaux droits des animaux et des choses, des forêts en particulier, tandis que certaines persistances, comme celle du thème de la Vanité, révèlent des vérités anthropologiques profondes.

La structure diachronique choisie pour le parcours de l’exposition a l’avantage de mettre en évidence les tournants dans l’histoire des représentations. Elle ménage aussi les rapprochements indispensables entre les œuvres d’époques différentes. Trois grandes périodes sont particulièrement propices à l’abondance des choses représentées : l’Antiquité, les XVIe et XVIIe et les XXe et XXIe siècles.

Toutes ces choses nous font réfléchir à l’état du Monde où tout se tient : objets, animaux, végétaux, minéraux, humains, rêves, …

« Choses, choses, choses qui en disent long quand elles disent autre chose. » Henri Michaux

LES CHOSES, Une histoire de la nature morte

Exposition jusqu’au 23 janvier 2023

LES CHOSES

Une histoire de la nature morte

Jusqu’au 23 janvier 2023

Musée du Louvre

Horaires d’ouverture

De 9h à 18h, sauf le mardi

Nocturne le vendredi jusqu’à 21h45

Réservation en ligne recommandée y compris pour les bénéficiaires de la gratuité.

Gratuit pour les moins de 26 ans citoyens de l’Union Européenne.

#Louvre

#ExpoLesChoses

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