Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière, en partenariat avec l’Académie des beaux-arts
Exposition du lauréat 2020
Pascal Maitre : Peuls du Sahel
du 20 octobre au 4 décembre 2022
au Pavillon Comtesse de Caen (Palais de l’Institut de France)
L’Académie des beaux-arts accueille, du 20 octobre au 4 décembre 2022, l’exposition Peuls du Sahel de Pascal Maitre, lauréat de la dernière édition du Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière (2020) en partenariat avec l’Académie des beaux-arts. Grâce à ce prix, Pascal Maitre travaille depuis deux ans à ce projet qui l’a mené au Mali, au Niger, au Burkina Faso et au Bénin.
Le peuple peul compte pas moins de 70 millions d’hommes et de femmes, répartis dans une quinzaine de pays de la bande sahélienne.
La croissance démographique et le réchauffement climatique fragilisent la situation de ce peuple millénaire, traditionnellement pasteur et nomade, qui se déplace dans une splendide région séparant les sables du Sahara des forêts tropicales. Les affrontements inter-ethniques entre communautés nomades peules et cultivateurs dogons, bambaras et mossis ont explosé ces dernières années et font des milliers de morts chaque année !!! La radicalisation djihadiste d’une part importante des Peuls au Mali, au Niger et au Burkina Faso constitue un danger majeur pour l’équilibre de l’ensemble de la région.
Plus que jamais, le peuple peul se trouve aujourd’hui à un tournant de son histoire.
Un drame se joue !
Organisée autour de trois thématiques – Les fêtes, La vie quotidienne, Le conflit et ses conséquences – cette exposition offre un témoignage sensible et rigoureux sur ces communautés et tente d’apporter quelques clés de lecture d’une région du monde en plein bouleversement géopolitique.
Les Fulbés (Peuls, Fulani, Halpular) constituent une communauté hétérogène marquée par la distinction entre nobles, les Rimaké (anciens captifs), les Waïloubés (forgerons) et les Mabubés (Griots peuls). En général, les Peuls élèvent des bovins, des ovins et des caprins et traversent divers pays et régions dans les parties occidentale, centrale et orientale du continent africain. Le lien entre un peul et son animal est très fort, d’ailleurs Amadou Hampâté Bâ dit « Un Peul sans troupeau et comme un prince sans couronne. » Malheureusement, les mentalités changent aussi dans certains groupes car les jeunes hommes qui ont besoin d’une dote pour épouser une femme n’ont pas d’argent et se laissent embrigader par les djihadistes.
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Avec justesse et sensibilité et un professionnalisme à toutes épreuves, les photographies magnifiques et hautes en couleurs de Pascal Maitre nous livrent un témoignage vraiment poignant et très puissant de ces communautés aux valeurs et traditions fortes. « La couleur m’a toujours ému. Elle guide mon regard », explique Pascal Maitre, passionné de Gauguin et de Matisse.
On sort de cette exposition non seulement éblouis mais aussi abasourdis par tant de violences et de désespoir méconnus ou volontairement ignorés, que les images ne montrent pas mais suggèrent intelligemment… Les lumières qui jaillissent des photographies sont particulières, avec des tons d’une beauté rare, tantôt vifs et tantôt chaleureux. Le peuple peul est un peuple fier qui maitrise et cache ses sentiments et ses sensations. Lorsque Pascal Maitre surprend un Peul sur un monticule d’ordures à la recherche d’un petit quelque chose à manger ou à récupérer pour sa famille, c’est un visage et un corps droit, dans une posture digne qu’il dévoile. On sent pourtant les tensions mais jamais une photographie ne montre la violence de la scène, la peur ou la peine. Nous incombe de lire les cartels qui expliquent parfaitement les situations, pour la plupart, vraiment critiques.
Cette exposition est superbe et nous projette dans une réalité insoupçonnée et dramatique.
Biographie de Pascal Maitre
Né en 1955 à Buzançais (Indre), Pascal Maitre débute, après des études de psychologie, sa carrière de photojournaliste en 1979 dans le Groupe Jeune
Afrique. À partir de 1984, il rejoint l’agence Gamma. En 1989, il co-fonde l’agence Odyssey Images. De 1994 à 2018, il est membre de l’agence Cosmos. Pascal Maitre a travaillé avec de prestigieuses publications internationales, en France (Géo, Paris Match, Figaro Magazine, L’Express, ELLE), et à l’étranger (Geo et Stern en Allemagne, National Geographic aux États-Unis). Dans plus d’une quarantaine de pays, il aborde les multiples facettes du continent africain : les hommes et leur mode de vie, la politique et les conflits, les traditions. Si l’Afrique demeure son terrain de prédilection, Pascal Maitre a également réalisé plusieurs photoreportages sur d’autres zones du monde : Afghanistan, Amérique du Sud, Sibérie… Son travail a été exposé deux fois à la MEP (Maison Européenne de la Photographie, Paris) et une dizaine de fois au festival Visa pour l’image de Perpignan.
Pascal Maitre est représenté en France par l’agence MYOP et à l’étranger par l’agence Panos Pictures.
Baroudeur solitaire qui se définit comme journaliste avant d’être photographe, Pascal Maitre révèle les vertus insoupçonnées de la poésie et de la rigueur pour informer.
Légendes des visuels, par ordre d’apparition
Photos 1, 2 et 3 : Niger, village de Tamaya, chaque année à la fin de la saison des pluies en septembre, les peuls Wodaabe (appelé aussi Bororos) se retrouvent après un an de transhumances pour célébrer le Geerewol. A la fois concours de beauté, rite nuptial et spectacle de danse. Les jeunes hommes se fardent en rouge, jaune ou vert, et ce sont les filles qui jugent le concours de beauté. Cette fête annuelle est aussi l’occasion de rester un mois sans se déplacer. Les jeunes gens qui viennent d’avoir 17 ans, entourés de leurs amis, s’isolent en brousse pour se maquiller et revêtir le tenues traditionnelles.
Photo 4 : Mali, Mopti, chaque soir la plupart des bergers peuls de la région ramènent leurs troupeaux en ville pour y passer la nuit. L’insécurité est extrême, les djihadistes de la Katiba Macina du prédicateur Amadou Kouffa sont présents à moins de 10 kilomètres.
Photo 5 : Mali, Bamako. Camp de déplacés de Faladié où s’entassent 3.600 personnes qui ont fui les attaques du centre du pays, 80% sont des Peuls. Ils viennent de la région de Bankass.
Crédit photo : Pascal Maitre / MYOP / Prix Marc Ladreit de Lacharrière en partenariat avec l’Académie des beaux-arts
Photo 6 : Pascal Maitre, le 19 octobre 2022, jour du vernissage presse, nous explique avec une grande humilité et beaucoup de sincérité, ses deux années passées à découvrir le sort des Peuls du Sahel, au Mali, au Niger, au Burkina Faso et au Bénin pour réaliser son projet de photoreportage, une mise en lumière de la situation. Pascal Maitre ©Flocourthial
Le commissariat de l’exposition est assuré par Sylvie Hugues, correspondante de l’Académie des beaux-arts.
Le Prix Marc Ladreit de Lacharrière en partenariat avec l’Académie des beaux-arts, créé en 2007 à l’initiative de Marc Ladreit de Lacharrière en partenariat avec l’Académie des beaux-arts, dont il est membre, ce prix récompense un ou une photographe confirmé(e), français(e) ou étranger(e) travaillant en France, sans limite d’âge, auteur/e d’un projet photographique original.
Ce prix, biennal depuis 2018, est doté d’un montant de 30 000 euros.
Le projet primé est restitué à l’issue d’une période de travail de 2 ans, sous la forme d’une exposition au Pavillon Comtesse de Caen de l’Académie des beaux-arts (Palais de l’Institut de France).
Depuis 15 ans, ce concours permet à un/e photographe de réaliser un projet d’envergure dans un esprit d’entière liberté quant aux thèmes ou à l’écriture photographique.