Le musée du Luxembourg rend hommage à Vivian Maier (1926-2009) en levant le voile sur sa vie et son œuvre. L’histoire de cette femme est incroyable… Vivian Maier était une photographe de rue totalement méconnue car elle était gouvernante d’enfants et vivait discrètement sa passion. Son métier de nourrice lui permettait de passer de longues heures dans les rues, les parcs et les centres-villes. Ceux sont plus de 140.000 images photographiques, de films super 8 et 16mn, d’enregistrements divers, de photographies et d’une multitude de pellicules jamais développées qui ont été découvertes en 2007, par John Maloof, un jeune artiste et agent immobilier américain. Une visite, un voyage, une formidable découverte !
Vivian Maier a une histoire incroyable, elle fut une femme remarquable. Sa vie comme son œuvre sont denses et exceptionnels.
Toute une vie de photographe passée inaperçue jusqu’à la découverte de son corpus photographique en 2007 par John Maloof. Elle vivait en effet sa passion de manière discrète tout en exerçant son métier de nourrice.
Née à New York en 1926, d’une mère française et d’un père austro-hongrois, elle reste peu de temps aux États-Unis. Ses parents divorcent et Vivian part vivre en France avec sa mère. Lorsque qu’elle séjourna une année dans les Alpes elle prit de nombreuses photographies de paysages et de personnes de la classe laborieuse de la région. Vivian Maier retourna aux États-Unis en 1951, à New York.
LA RUE, LA VIE
Pour Vivian Maier, la rue est une véritable aventure pour découvrir la société américaine moderne en pleine expansion. Tout s’accélère mais elle, elle prend le temps d’observer les êtres et les éléments de la nature auxquels personne ne prête attention : les gens de la rue issus de tous les milieux sociaux, de tous les âges, de toutes les origines ; elle photographie aussi les vitrines des boutiques, les nuages, les chantiers d’un building, des objets, des enfants jouant dans un parc, un homme qui dort sur un banc, des femmes qui lisent le journal, …
Son vocabulaire dramaturge raconte la géopolitique de la ville comme on raconte une histoire.
Pour Vivian Maier, la rue est le plus grand spectacle qui soit.
Elle s’acheta un Rolleiflex, conçu pour être tenu à la taille, ce qui lui permet de photographier discrètement et silencieusement, en ayant toujours un contact visuel direct avec le sujet. Son appareil est visible, au cœur de l’exposition du musée.
Vivian Maier s’intéresse à tous les sujets sociétaux, dont les manifestations pour les droits des femmes bien avant même qu’il n’existe un véritable mouvement féministe…
En 1956, Vivian Maier a trente ans et part vivre à Chicago. Elle y trouve une famille pour laquelle elle s’occupe de plusieurs garçons, dans la banlieue nord à Highland Park. Elle parcourt alors les différents quartiers en Vélo Solex ou à bicyclette, portant en bandoulière ses appareils. Elle prendra de nombreux clichés tels que des portraits et des images aux effets cinétiques originaux.
En 1959, Vivian prend un congé de six mois pour parcourir le monde à bord d’un cargo mixte qui fit escale en Asie, en Afrique et en Europe. Elle se lance toute seule dans ce périple ce qui révèle un esprit libre et courageux. Elle prit alors plus de cinq mille clichés pendant ce long voyage : des rizières en Thaïlande, des turbans en Inde, une chaise au château de Versailles, une mendiante à Grenoble, …
Lorsque Vivian Maier revient à Chicago, elle se tourne vers des sujets politiques et s’intéresse aussi à des thèmes plus abstraits. Elle photographie des slogans et des graffitis qui fleurissent sur les murs de la ville. Au cours des années 1960, elle accumule des journaux, des photos, des magazines et utilise de plus en plus son Leica et la diapositive couleur.
Durant sa vie, Vivian Maier a aussi réalisé un grand nombre d’autoportraits, d’autoreprésentations, de portraits d’inconnus et de stars, d’enfants.
Vivian Maier nous montre que la beauté ordinaire est partout.
Elle appréciait les arts sous toutes leurs formes, suivait assidument l’actualité. Elle a toujours défendu l’égalité des droits.
Passionnée aussi de cinéma, Vivian Maier a réalisé des films en super 8 et en 16mn au début des années 1960. « Le film ne restitue pas seulement ce que Maier voit, mais informe plutôt de sa manière de regarder. »
Femme photographe de rue, humaniste, elle a dépeint l’universalité de la condition humaine dans un ensemble de photographies originales et singulières.
Restée discrète toute sa vie, sa notoriété est à présent mondiale au même titre que celle de Diane Arbus, Helen Levitt, Robert Frank et Garry Winogrand.
L’exposition présentée au sein du musée du Luxembourg est un très bel hommage, riche de plus de 142 archives inédites de la photographie et d’une documentation originale. Elle nous transporte dans un voyage historique de l’artiste et nous plonge au cœur d’une Amérique des années 1950, 1960 et 1970, toutes foisonnantes en nouveautés et en évènements.
Vivian Maier vécut les grandes mutations sociales et politiques de la société américaine, en l’observant avec talent et ténacité, au travers d’un objectif discret.
La vie est partout. Vivian Maier en a très bien tiré le portrait.
Florence Courthial