Le Musée de l’Homme présente, en partenariat avec l’Institut Frobenius pour la recherche en anthropologie culturelle de Francfort-sur-le-Main, une exposition temporaire consacrée aux relevés d’art rupestre. Ces peintures sur papier reproduisant les œuvres peintes ou gravées sur les parois des grottes ou des abris sous roche, ont été réalisées à partir du début du XXe siècle lors d’expéditions scientifiques lancées, à travers le monde, à la recherche des origines de l’humanité.
Élaborées par des chercheurs et des artistes sur le terrain, les peintures ont été exposées dans de prestigieux musées, faisant surgir les plus anciennes traces picturales dans la modernité. Avec plus de 200 documents et objets, dont une soixantaine de relevés originaux, l’exposition offre un panorama mondial de ces œuvres, raconte les aventures que furent les expéditions, montre quelles sources d’inspiration les images relevées devinrent pour les artistes du XXe siècle et documente les techniques actuelles de transposition et de conservation des peintures rupestres et pariétales.
Les relevés réalisés au cours des expéditions de Leo Frobenius autour du globe sont d’une taille, d’une beauté et d’une précision spectaculaires. Ils avaient ébloui le public français en 1933 au Musée d’Ethnographie du Trocadéro, ancêtre du Musée de l’Homme, où ils reviennent aujourd’hui, avec un pouvoir de fascination et une force d’inspiration intacts.
Préhistorien discret, Gérard Bailloud a fait connaître l’art rupestre d’une région saharienne du Tchad, l’Ennedi, à la richesse phénoménale. Il en a rapporté, au milieu des années 1950, deux cents magnifiques relevés. Les relevés d’arts rupestre ont joué un rôle scientifique déterminant. Mais ils ont aussi transformé la perception de la préhistoire dans le grand public, et bouleversé l’histoire de l’art.
Le relevé n’est pas qu’une pratique du passé ! Pour les préhistoriens d’aujourd’hui, elle constitue une étape fondamentale d’analyse et de compréhension des figures rupestres ou pariétales et des objets sculptés.
Les méthodes et les technologies employées aujourd’hui ont considérablement évolué.
Les recherches de terrain des préhistoriens ne ressemblent plus aux folles aventures des équipées de Leo Frobenius ou d’Henri Lhote. Pourtant, n’hésitant pas à se hisser en haut des parois ou à se faufiler dans les boyaux des sites souterrains, ils réalisent eux aussi des relevés aux quatre coins du globe, dans le même esprit que leurs prédécesseurs : celui de consigner des observations pour les rapporter au laboratoire.
La manière de procéder a radicalement changé : plus respectueuse des œuvres préhistoriques, elle est aujourd’hui moins invasive et produit un résultat plus complet. S’interdisant de toucher à la paroi, les scientifiques se placent à distance. Ils éclairent savamment la figure, la photographient, puis reportent leurs observations et leurs croquis sur la photo obtenue. Une précaution indispensable pour assurer, autant que possible, la pérennité des œuvres.
Par ailleurs, si l’œil, le carnet et le crayon, restent les premiers outils des chercheurs, la photogrammétrie leur permet désormais d’obtenir des images des parois en trois dimensions. Surtout, le relevé est désormais considéré comme un travail collectif, mobilisant de nombreuses compétences, et documentant le plus possible l’environnement de la gravure ou de la peinture. Le sens du geste, les superpositions, la qualité du support, l’état de la paroi…
« Suite à la découverte des premiers sites préhistoriques dans le courant du XIXe siècle, scientifiques, artistes et toute une partie de la population se passionnent pour ces lieux ornés cachés, traces de nos lointains ancêtres : une véritable préhistomanie se développe alors. Les sites préhistoriques, grottes, abris sous roche, parois extérieures, se parent de splendides peintures et gravures, parfois difficiles d’accès, mais dont la beauté fascine et le sens nous échappe. De cet engouement naitra une nouvelle forme d’expression : le relevé, qui permet de les étudier mais aussi de les faire connaître au monde. Commence alors une aventure humaine inédite.
L’abbé Breuil publie sans relâche les relevés réalisés dans les grottes françaises dévoilant ces trésors insoupçonnés. Leo Frobenius parcourt le monde accompagné de nombreux artistes des beaux-arts, hommes et femmes, pour garder une trace de ces chefs-d’œuvre passés. Henri Lhote découvre l’incroyable modernité des peintures du Tassili algérien. Tandis que Gérard Bailloud travaille surtout sur les peintures de la région de l’Ennedi, au Tchad.
Tous ces relevés sont aujourd’hui conservés dans deux collections : celle de l’Institut Frobenius à Francfort et celle du MNHN à Paris.
Montrées pour la première fois depuis des décennies, ces œuvres résonnent d’une modernité incomparable. Cette exposition questionne également la nature de ces relevés : sont-ils des documents scientifiques ? d’archive ? des œuvres d’art ? Et pourquoi ne pourraient-ils pas être tout cela à la fois ? Des pièces d’une grande beauté, à la portée scientifique et historique inégalée. »
Aurélie Clemente-Ruiz, directrice du Musée de l’Homme
Une magnifique exposition didactique à voir et revoir, à partir de quatre ans.
Autour de l’exposition, vous pouvez découvrir un programme culturel riche et varié, comprenant des conférences, des visites guidées, des ateliers jeune public, un livre-jeu, des évènements et une publication sur les trésors mondiaux de l’art rupestre.